lundi 26 janvier 2009

Interview de Laurent Lavige


Laurent, si je dis que tu as déjà derrière toi plus de 25 ans de radio, que tu es arrivé à France Inter en 1990, que tu as écrit ou co-écrit trois livres sur la musique, que tu as programmé et commenté des festivals, que tu as fait des chroniques sur M6, que tu bosses aussi, actuellement, dans la presse écrite en plus de ton émission quotidienne (Sur La Route) et que tu es la plus belle voix d'Inter :) ... j'oublie encore beaucoup de choses ?

Que je suis sur un grand projet de site internet qui devrait vous plaire. Que je suis un hyper-actif, que je me sens tellement privilégié que je me dois de donner toujours plus et de créer, de transmettre le plus possible. A part ça, vous n’avez rien oublié :)



En effet ce que tu viens de me dire attise ma curiosité naturelle. Ce projet de site doit se concrétiser quand ?

Cela m’est très difficile d’en parler maintenant car il est prématuré et trop fragile dans l’état. Vous comprendrez que je préfère ne pas en parler. Mais j’espère que ce projet sera mis en ligne fin 2009. Un très gros travail est nécessaire pour un résultat qui je l’espère sera à la hauteur :)


Tu disais l'an dernier dans CoulissesMedias que tu aimerais faire de la télé. Une télé qui te plaise. Cela signifie que tu conçois d'arrêter totalement de faire de la Radio ?

Non, mais d’arrêter de vouloir faire de la télé :) : oui.

Je pense que de faire une télé qui me plaise est une utopie. Je préfère tenter de faire des choses réalistes et réalisables. La télévision est devenue un monstre où les budgets et les pressions sont colossaux. J’ai sûrement passé l’âge ! trop vieux pour faire de la télé :)

Mais ne disons pas : « Jamais… »



En Septembre 2007 tu as démarré Sur La route. Pourquoi avoir arrêté Tendances Musiques ?

Je ne me suis jamais vraiment reconnu dans cette demie émission « Tendance Musique ». Ce n’était pas moi. J’aime le temps qui passe, j’aime installer

des ambiances et vous laisser croire que vous n’êtes pas seule. « Tendance Musique », ne laissait pas de place à l’errance.



Comment est né le concept de ton émission actuelle ?

Mettre le doigt sur des émotions un peu oubliées. J’avais envie de re-découvrir un répertoire un peu disparu, obsolète et has been, que nos sociétés raillent. Il ne fait pas bon vieillir aujourd’hui. J’avais envie de réanimer mes émotions, sur un instant. Je me suis dit que si je vibrais pour un Aznavour ou un Supertramp, d’autres en feraient autant. J’ai alors discuté avec la direction de France Inter afin d’apporter autre chose que de la nostalgie. J’ai proposé le concept de Sur la route, en imaginant ce GPS qui nous guide sur ses routes comme des années. Avec des événements précis relatant cette fameuse année (grâce à l’INA). Le but étant de remettre un succès dans le contexte de son époque. Et surtout permettre aux auditeurs de redécouvrir et

de ressentir ce hit avec les oreilles, le cœur et l’âge de la période en question. Je n’aime pas qu’on dénigre systématiquement le passé. C’est aussi grâce à ce passé que la nouvelle musique existe. Et France Inter est une radio généraliste. Sur la route à sa place tout comme les nouveautés de Lenoir, et les classiques de Lodéon.



Il me semble que tu es un peu volage en matière d'émission, non ? Tu changes souvent de concept.

?Je ne comprends pas votre question ? Mon fil conducteur est la musique. Avant Tendance Musique, je présentais Ondes de choc à 23h et cela voguait entre nouveautés et gold. Sur la route est un concept plus serré, plus précis. C’est pour cela aussi qu’il fonctionne bien.



J’ai mal formulé ma question. Le terme de « volage » est sans doute abusif. Ce que je voulais dire c’est que tu as animé beaucoup d’émission, d’après se que j’ai lu au sujet des tes anciennes émissions j’en conclus que c’est comme si tu n’avais pas, jusque là, trouvé l’émission qui te correspond. Exprimé ainsi, c’est plus clair ?

Chaque émission correspondait à ce que j’étais à cette période.

Il est vrai que sur la route n’aurait pas pu exister quand j’avais 25 ans. Je pense que cette dernière correspond aussi à mon âge. C’est un âge où l’on peut se permettre de regarder derrière et devant nous.



Sur La Route te correspond plutôt bien. Les thèmes du voyage, de l'errance, de la route reviennent souvent chez toi, sous une forme ou sous une autre. Qu'est ce que cela t'inspire ?

Le mouvement, le partage, la vie quoi !



La route et l'errance impliquent forcément la découverte, l'inconnu, l'exploration et la surprise, non ?

Oui, et j’ai eu ma dose en ce qui concerne tous ces thèmes. Sur la route ne véhicule pas vraiment de l’inconnu, mais plutôt de la re-découverte.

Je suis surpris de lire «vos » mails qui découvrent des chansons datant de trente ans. Ça me plait ! C’est une émission de nouveautés :)



Laurent, tu peux expliquer un peu en quoi consiste ton rôle de producteur ? Au cinéma et à la télé c'est assez évident. En radio c'est un peu différent, non ?

C’est celui qui propose le concept de l’émission, qui choisi son équipe, qui négocie les budgets, qui présente l’émission, qui insuffle sa ligne éditoriale, qui programme ses musiques (me concernant), avec un programmateur, qui décide des choix de sons, qui est responsable de son antenne et qui se fait virer si cela ne marche pas. Le producteur n’est pas fonctionnaire, pas intégré.



Y a-t-il des voix qui t'ont marqué dans ta jeunesse ? Chanteurs, Animateurs Radio ... Peu importe.

Karen Carpenter, Marvin Gaye, Neil Young. Des voix de l’enfance. La voix de Karen me réchauffait. Elle avait une voix maternelle. Springsteen aussi. Brian Wilson, Roger Hogsdon, James Brown.

A la radio, des gens comme George Lang, Bernard Lenoir, Wolfman Jack ont accompagné mes rêves d’enfant.



A propos de musique, elle te fait "vibrer" depuis l'adolescence, comme tu dis, et même avant. Le premier artiste, le premier album qui t'as vraiment touché c'est Neil Young avec Harvest ou bien il y en a eu d'autres avant ?

Dans la famille, on écoutait aussi bien Django Reinhart, Johnny Hallyday, George Brassens que Deep Purple, The Who ou James Brown. Mais quand j’ai découvert du haut de mes huit ans « Harvest », je me suis alors dit que le monde ne se résumait pas aux quatre murs de notre chambre. J’ai toujours été quelqu’un de solitaire, et la musique m’empêchait de tourner en rond dans mes nuits blanches.



Laurent, t'es t-il déjà 'arrivé d'avoir à nouveau un coup de foudre, aussi fort que le premier, pour un artiste, comme si tu le découvrais, ou d'écouter un album que tu connais très bien mais d'une oreille légèrement différente et d'avoir une révélation ?

Oui, J’ai eu un vrai coup de cœur pour Ben Harper quand il a commencé. Pour Anthony & the Johnsons aussi. J’ai redécouvert Aznavour, Brel, Pink Floyd que j’avais mis de côté dans ma mémoire. Mais à part « Harvest », c’est Springsteen qui ma le plus bouleversé. Cali est un homme que j’ai découvert à ses débuts. Nous sommes très proches. Il compte sur moi pour avoir les vrais avis sur ses actes. Je ne prends jamais de départementale pour dire les choses.


Tu as grandi dans quel univers musical ? Ou, si tu préfères quels artistes et quels styles de musiques écoutaient tes parents quand tu étais petit ?

J’ai répondu plus haut. J’ai toujours eu un côté excessif et monomaniaque avec la musique. Tous les genres, en profondeur.

A part le Jazz et le Hip Hop.



Si tu devais résumer ta vie, ton amour pour la musique par quelques dates et albums, artistes ou concerts clés, ceux avec lesquels tu as eu une révélation, ceux avec qui tu as eu un choc musical majeur, ou qui sont liés à des événements importants de ta vie ... Ce serait lesquels ?

Laisse moi un peu de temps. Il faut que j’ouvre mon livre pour me souvenir :)



Retournons à la Radio. 25 ans derrière un micro ça doit être beaucoup de bonheur mais aussi des déceptions, quelques frayeurs et des galères ... Quels sont tes souvenirs les plus marquants ?

Je n’aime pas garder les mauvais souvenirs. Il y en a eu, mais je les ai oublié. Sinon en vrac en oubliant les meilleurs :


-Ma première émission de radio pirate dans ma chambre avec les enceintes qui hurlaient au bord de la fenêtre de mon immeuble. Les pôtes montaient avec des petits papiers et des dédicaces que je devais faire. C’était radio cité avant l’heure.


-Ma première émission sur RFM, radio nationale.

Et quelques centaines de moments incroyables avec des artistes ou des festivals, des Jubilées, des élections américaines, Russes, des émissions sous hautes protections à Oran, des rencontres dingues, des nuits ineffables, des anecdotes de dingues et de belles histoires d’amour, d’amitié et des rencontres avec des auditeurs incroyables… Je pourrais en faire un livre :)



Actuellement, qu'est ce qui te fait le plus "peur" quand tu prends l'antenne ou quand tu enregistres une interview ? Finalement, qu'est ce que tu redoutes le plus ?

A chaque fois que je prends l’antenne, c’est un peu comme dans un vaisseau spatial, la grande trappe s’ouvre, on est en apesanteur, dans le grand vide (direct), où tout ce que l’on fait ou dit est sans filet. A la fin du show, les portes se referment, plus d’apesanteur, tout redevient normal, sans danger. Ce qui me fait le plus peur en débutant chaque émission, c’est de savoir que c’est peut-être la dernière.

Quant aux interviews, c’est différent, j’ai toujours peur de ne pas rencontrer quelqu’un derrière l’artiste. Je trouve désolant de passer à côté d’une interview. Cela m’est déjà arrivé. J’ai besoin de découvrir la personne que j’ai en face de moi, même si je la connais depuis 20 ans comme Jean-Louis Aubert par exemple. A chaque fois, il me donne quelque chose de lui, et c’est pareil pour moi. On ne sort jamais indemne d’une belle rencontre.



Quels sont les plus beaux compliments que tu aies entendu ou que l'on puisse te faire ?

Quand je lis les mails ou le courrier que je reçois, je suis souvent surpris par la proximité qui existe entre les auditeurs et moi. Cela me plait. Il y a des compliments qui me touchent plus que d’autres. Quand j’accompagne ou comble au quotidien une solitude, quand le bonheur se lit entre les mots, j’ai l’impression d’être à ma place. Un transmetteur. Chaque soir, j’ai plaisir à retrouver la route.




En fin de compte, comment te définirais tu en tant qu'Homme de Radio ?

Un célèbre inconnu ? :)

Un transmetteur

Quelqu’un qui parle à quelqu’un



Une dernière question, Laurent ! Franchement qu'est ce que tu penses de la réforme actuelle sur l'Audiovisuel et de la RNT (Radio Numérique Terrestre) qui arrivent ? C'est la fin de la Radio telle qu'on la connaissait jusque là, non ?

Oui, tout à fait. Le système d’écoute est bouleversé, en pleine mutation. Ce n’est que le début de la chute des radios dites « musicales ». La radio se consommera différemment. Il ne faut pas en avoir peur, c’est juste l’individualisme qui me perturbe un peu. La vie ne se résume pas à un ordinateur. L’ultra-moderne solitude est enclenchée.

Mais, France Inter comme les autres généralistes ne seront pas ou peu touché par cette mutation. Par la forme peut-être (outils de transmissions), mais pas par le fond.

La route est tellement longue et belle Sabine :)



Laurent


Ce sont les petites Radios associatives, avec peu de moyens, qui ont le plus de soucis pour le passage à la RNT. Financièrement ça coûte cher mais leur avenir, c’est sans doute Internet.



jeudi 15 janvier 2009

Hommage à Patrick McGoohan (19 mars 1928-13 janvier 2009)

"Patrick McGoohan est mort et sait peut-être enfin, qui est le N°1". C'est par ces mots,hier, de Bernard Lenoir (qui lui a rendu hommage au début de son émission), sur France Inter, que j'ai appris la nouvelle. Ca fait toujours un peu bizarre.

Mc Goohan a, rappelons le, incarné John Drake dans la série Destination Danger avant d'être la vedette dans la série, visionnaire, du Prisonnier où il incarne le n°6 . Il a aussi produit et réalisé, de temps à autre, un épisode et régulièrement écrit le scénario, pas toujours sous son propre nom.

Faute de pouvoir aller en pèlerinage à Portmeirion, revisionnons les 17 épisodes de la série. Vous vous rendrez compte qu'elle n'a jamais été autant d'actualité. Au Village vous y êtes. regardez bien autour de vous. ouvrez l'oeil , vous verrez sans doute passer le rôdeur.

Be seeing You !

Led Zeppelin IV

Chez-moi, les coups de foudre musicaux sont très rare. 2008 a donc été une année exceptionnelle puisque j'en ai eu deux. La BO de Tabarly en Juin (Cf article sur Yann Tiersen), puis Led Zeppelin IV en décembre, pour terminer l'année en beauté.

Je me suis fait offrir cet album de Led Zepp' à Noël en sachant très bien que c'est une valeur sûre et que j'aimerai. J'avais entendu chez Laurent Lavige, qui avait fait une semaine spéciale autour du groupe, des extraits Led Zeppzlin IV, entre autre, et j'avais aimé. Je le voulais mais j'ignorais que j'allais avoir un véritable coup de foudre, dès la première écoute, surtout pour les morceaux Stairway to Heaven et When the Levee Breaks, les deux plus longs de l'album en somme.


Led Zeppelin IV, cela me parle, j'y suis sensible mais un coup de foudre cela ne peut jamais vraiment s'expliquer. Les quelques explications que vous trouverez n'en seront pas de réellement mais seulement des éléments favorisants, rien de plus.
La véritable explication restera un mystère, puisque un coup de foudre c'est un savant mélange d'une rencontre à un moment précis de deux éléments, dans des circonstances précises, un album et une personne avec ses états d'âmes du moment.

A un autre moment, il n'est pas certains à 100% que cette petite étincelle magique aurai eu lieu. Un coup de foudre c'est la bonne rencontre au bon moment. C'est tout, rien de bien compliqué mais beaucoup de mystère.

jeudi 1 janvier 2009

Centenaire de la naissance de Dana Andrews

Il y a 100 ans jour pour jour, c'est à dire le 1er janvier 1909 naissait dans l'état du Mississipi Dana Andrews, sauf que tout le monde semble s'en foutre royalement.
Cet excellent acteur serait-il déjà passé au trois-quarts aux oubliettes ? Pourtant, il n' y a rien de bien compliqué à avoir une petite pensée pour quelqu'un !

Étant archi-fane du personnage je ne concevais pas de démarrer 2009 sans écrire un petit quelque chose, aussi modeste soit-il, sur mon cher Dana Andrews. Si je ne l'avais pas fait je m'en serais voulu parce que du même coup je me serais mise toute seule dans le lot de ceux qui ignore et oublie l'acteur !

Dana Andrews est digne d'un James Stewart ou d'un Clark Gable ou autre, pourtant il ne semble pas être resté dans les mémoires autant qu'il l'aurait dû. Pourquoi ? C'est injuste, dans la plupart des ouvrages que j'ai consulté c'est à peine s'il y a un petit quelque article sur lui.

Je rappelle que Dana Andrews s'est fait connaître avec Les Plus Belles Années de Notre Vie, si ma mémoire ne me fait pas défaut, mais c'est sans doute sa prestation dans le mythique Laura d'Otto Preminger qui reste dans les mémoires. Il a aussi tourné d'autre film avec Preminger et plusieurs fois sous la direction de Fritz Lang. Il à tourné avec les plus grands.

Par contre ce que l'on sait moins c'est qu'il a d'abord tenté une carrière dans la chanson avant de se lancer dans le cinéma. Ca fin de carrière semble t'il n'est pas à la hauteur de la première partie de celle-ci mais après tout qu'importe. Il n'est pas le seul dans ce cas là et cela n'empêche pas un acteur de rester dans les mémoires, quoi que je trouve, je l'ai déjà dit, que Dana Andrews est trop oublié à mon goût.

L'acteur, nous a quitté le 17 décembre 1992, à Los Alamitos, soit plusieurs années avant que je ne le découvre dans l'incontournable Laura !